Le mensonge en politique
Qu’est-ce qu’un mensonge ? Selon le Petit Robert, c’est affirmer ce qu’on sait être faux, nier ou taire ce qu’on devrait dire. En vertu de cette définition, les exagérations partisanes, les cachotteries, les demi-vérités, sont toutes des mensonges. Et ceux qui s’y livrent sont des menteurs. En politique, à partir du premier ministre jusqu’au simple député, tous cachent, contournent, déforment systématiquement la vérité, sans en ressentir la moindre gêne. Aveuglés par le pouvoir, la gloire, les limousines, les flatteries de leur entourage, les politiciens jouent les importants et mentent effrontément.
Ce qui est paradoxal, c’est que le mot « menteur » soit banni de l’Assemblée nationale et que tous ceux qui l’utilisent ou y font allusion, soient sommés de se rétracter. S’ils refusent, ils sont expulsés pour la journée. Les politiciens sont prêts à admettre qu’ils caricaturent les faits, qu’ils en cachent, qu’ils présentent toujours leurs actions sous un jour favorable, qu’ils sont tous un peu démagogues, mais admettre qu’ils mentent ? Jamais ! Et pourtant, dans une démocratie, le peuple a droit à la vérité. Le mensonge en politique constitue un abus de confiance et un bris de contrat, car une démocratie est une sorte de fiducie. Le peuple cède à ses mandataires, les politiciens, le soin d’administrer la chose publique et il se réserve le droit d’évaluer leur travail à intervalles réguliers. Si le peuple est insatisfait, il a le pouvoir de les congédier et de les remplacer. Il y a là, non seulement une relation de confiance, mais aussi un contrat explicite, fondé sur le droit des citoyens de choisir leurs gouvernants. Or, pour qu’une démocratie soit authentique, les citoyens doivent pouvoir faire un choix en toute connaissance de cause, en disposant de toute l’information nécessaire. Dans son livre « La connaissance inutile » Jean-François Revel cite : « Ce régime (la démocratie), fondé sur la libre détermination des grands choix par la majorité, se condamne lui-même à mort si les citoyens qui effectuent ces choix, se prononcent presque tous dans l’ignorance des réalités ».
La tactique du mensonge, en politique, s’est transmise de génération en génération et plusieurs croient que s’indigner d’un tel travers est, par conséquent, inutile ou constitue une perte de temps. Pourtant, s’il y a toujours eu des injustices, faut-il les accepter et baisser les bras ? Le danger est, justement, d’accepter cette politique du mensonge et de la considérer comme normale. Un risque d’autant plus grand que le mensonge est devenu, de nos jours, de plus en plus subtil. Le mensonge engendre, non pas la révolte des citoyens, mais leur désabusement. Ces derniers ont été tellement trompés qu’ils veulent désespérément croire. Et à chaque fois, ils sont déçus ! Quand on parle de la malhonnêteté intellectuelle des politiciens, on fait surtout référence à leurs promesses électorales non tenues. Pourtant, ceux qui suivent de près les élus, se rendent compte que le mensonge en politique n’est pas réservé seulement qu’aux campagnes électorales. Il est quotidien et se glisse dans les conférences de presse, les discours, les communiqués. Le mensonge ronge la politique comme un cancer ronge le corps d’un malade.
Le mensonge fait partie du quotidien de l’homme politique. Pour lui, le mensonge est indispensable à sa survie. Un politicien paresseux peut réussir, un politicien ennuyeux également, mais un politicien qui ne sait pas utiliser le mensonge est voué à l’échec, selon la plupart des observateurs de la scène politique. Pour eux, cette manipulation quotidienne de la vérité, peut sembler bénigne, mais par leur prolifération, par la place qu’ils prennent dans la culture politique, les petits mensonges quotidiens ouvrent la voie aux gros mensonges et aux tromperies électorales. Observons un nouveau candidat et nous l’entendrons débiter la même série de faussetés du genre : « Je n’ai d’autre ambition que celle de servir mes concitoyens ». Dans n’importe quel parti, on l’entendra dire qu’il n’est pas un politicien traditionnel, qu’il désire faire de la politique différemment, être franc et honnête, puis aussitôt élu, il s’empressera de travestir la réalité pour qu’elle lui soit la plus favorable, de dissimuler les côtés moins glorieux de son passé et de taire son opinion sur une politique controversée de son parti. Le mensonge en politique constitue un abus de confiance et il doit être condamnable, quelle qu’en soit la forme.
Au palmarès des mensonges en politique, ceux portant sur l’unité du parti arrivent au premier rang. Tous les partis politiques font preuve à l’endroit d’un dissident qui s’exprime publiquement, d’une intolérance digne des pires dictatures. Un député peut fort bien se dissocier d’une prise de position de son parti ; il peut manœuvrer pour la faire renverser ; il peut même comploter contre son chef. Cependant, tout cela doit se faire discrètement, dans les coulisses. Si ce député s’exprime publiquement, il s’expose aux pires sanctions et celles-ci ne viennent pas seulement du chef, mais de l’ensemble du parti, y compris de ceux qui partagent les idées du rebelle. Il y a une règle non écrite en politique selon laquelle un parti doit paraître uni, quelles que soient les circonstances. Or ce « paraître » nécessite un nombre incalculable de mensonges. La loyauté comme telle, n’est pas vraiment requise dans un parti politique. Ce qui compte, c’est l’apparence de loyauté. Il en va de même pour la franchise. C’est l’apparence de franchise qui compte. Cependant, l’apparence de loyauté prime, car elle trône au sommet de ce milieu détraqué.
En politique donc, le mensonge et la tromperie sont de mise. Ceux qui, par fidélité à leurs principes les plus sacrés, disent ce qu’ils pensent, sont traités en parias par leur propre parti. Autrement dit, ceux qui agissent franchement, commettent un acte ignoble, tandis que ceux qui se taisent ou camouflent leurs intentions, font preuve de respect et de loyauté. On voit bien que ce système réprime la franchise et encourage le mensonge. Tous ceux qui accèdent au pouvoir comprennent rapidement qu’ils doivent jouer le jeu de la perfection et de la franchise, le jeu des faussetés, des insinuations et de la démagogie. Robert Bourassa, qui fut premier ministre du Québec, l’admettait en disant : « Le jeu partisan est souvent bien ingrat pour la vérité des faits ». Quand on songe au mépris manifeste des politiciens pour la vérité, on reste sidéré devant l’interdiction de prononcer le mot « menteur » à la Chambre des communes ou à l’Assemblée nationale. Dans nos parlements, un politicien peut affirmer n’importe quoi contre n’importe qui, l’accuser sans preuve des pires crimes, sans être passible d’aucune punition. On appelle cela l’immunité parlementaire. Mais accuser un autre député d’avoir menti, quelle horreur ! Cette interdiction ne paraît-elle pas ironique dans un milieu où le mensonge fait partie du quotidien ?
Le mensonge a gangrené le milieu politique jusque dans ses moindres replis. Il est donc important de trouver les origines du mal et de chercher à comprendre pourquoi les politiciens mentent comme ils respirent. La réponse nous apparaît bien simple : Si les politiciens ont recours au mensonge, c’est parce qu’ils sont convaincus de sa rentabilité. Cette rentabilité n’a-t-elle pas été maintes fois démontrée ? Les politiciens qui sont les plus habiles menteurs sont ceux qui durent le plus longtemps et qui obtiennent le plus de succès. Les hommes et les femmes qui se lancent en politique et pour qui la franchise est une valeur importante, sont écartés dès leurs premiers pas. Certaines personnes diront : « N’y a-t-il pas un seul politicien honnête ? ». Remarquez que ce n’est pas d’honnêteté dont il est question. Certains politiciens sont bien intentionnés, dévoués et travailleurs. Mais en entrant en politique, les nouveaux venus pénètrent dans une culture qui fonctionne au mensonge et leur réussite dépend de leur adhésion totale à cette culture. La marginalité n’est pas tolérée. « La morale n’a rien à voir dans ce domaine. Le mensonge fait partie du jeu politique ; c’est une arme dont il faut savoir user intelligemment, sous peine d’être exclu du jeu », écrit l’économiste français Pierre Lenain, émule de Machiavel. Des politiciens honnêtes, il est possible d’en trouver, selon lui, mais des politiciens qui ne mentent pas ? Impossible !
Et pourquoi le mensonge est-il rentable ? Tout simplement parce que le peuple le récompense, car en fin de compte, c’est toujours le meilleur menteur qui gagne. Soit que le peuple n’est pas conscient de la tromperie, (ce qui est très rare) ou soit qu’il l’accepte en maugréant, estimant ne pas avoir le choix, ou soit encore parce qu’il préfère ignorer la vérité. Le peuple sait-il qu’on lui ment ? Il le sait fort bien, dans le sens de la croyance populaire selon laquelle tous les politiciens sont des menteurs. En même temps, le peuple ne semble pas saisir le mensonge dans toute son ampleur et son raffinement. C’est pour cette raison que les plus habiles menteurs obtiennent tant de succès. Le peuple continue de voter et de s’intéresser, du moins en apparence, à la chose politique. Arrive une nouvelle figure, un nouveau programme et le peuple reprend espoir et tombe dans le piège pour la millième fois. Cet espoir ne peut s’expliquer que par une méconnaissance de l’étendue réelle du mensonge en politique, car quiconque suit la bête de près, perd rapidement ses illusions.
Il y a-t-il un mince espoir pour que la situation change ? Il est évident qu’on ne peut compter sur les politiciens pour qu’ils se conforment d’eux-mêmes aux exigences de la vérité. La rentabilité du mensonge a été démontrée tant de fois que celui-ci constitue désormais l’alphabet du langage politique. Chez le politicien d’expérience, le mensonge est devenu une seconde nature, un réflexe. C’est ce réflexe qu’il faut briser. Pour y parvenir, il n’y a qu’un moyen : Renverser le cours de l’histoire et faire en sorte que le discours politique donne désormais des résultats différents. Il faut que la vérité devienne rentable et non pas le mensonge. Seul le peuple a le pouvoir d’effectuer ce changement, en récompensant la vérité et en punissant sévèrement le mensonge. Finis les faux-fuyants ! Il faut élire des politiciens qui exposent les problèmes en toute sincérité et qui proposent un idéal à atteindre tout en présentant honnêtement les perspectives réelles de solutions. Il ne faut plus accepter la démagogie qui consiste à vouloir « démoniser » l’adversaire à tout prix. Il ne faut surtout pas élire ceux qui proposent des solutions simplistes et qui promettent mer et monde. Ce changement d’attitude nécessite une vigilance de tous les instants, à l’endroit des politiciens et également à l’égard de nous-mêmes qui aimons trop les solutions faciles. La condition de cette vigilance est la conviction que la vérité fait partie de nos droits ; que nous pouvons et nous devons l’exiger. Les politiciens veulent notre vote ; c’est à nous de le leur faire payer chèrement !
Sources :
- Lenain, Pierre. Le Mensonge politique. Paris : Économica, c1988, 108 pages
- Monière, Denis. Le Discours électoral : les politiciens sont-ils fiables ? Montréal : Québec-Amérique, 1988, 194 pages
- Pratte, André. Le Syndrome de Pinocchio : essai sur le mensonge en politique. Montréal : Boréal, 1997, 164 pages
- Revel, Jean-François. La connaissance inutile. Paris : Grasset, c1988, 402 pages
Le pouvoir politique
Le pouvoir politique est un type de pouvoir qu'une personne ou un groupe de personne exerce dans une société.Il existe de nombreuses façons d’exercer un tel pouvoir, la plus évidente étant celle du chef politique officiel d'un État, tel qu'un président, un premier ministre, un roi ou un empereur. Les pouvoirs politiques ne sont pas limités aux chefs d'État ou aux dirigeants, et l'étendue d'un pouvoir se mesure à l'influence sociale que la personne ou le groupe peut avoir, et cette influence peut être exercée et utilisée officiellement ou officieusement.
Dans beaucoup de cas, la sphère de l'influence n'est pas contenue dans un seul État et on parle alors de puissance internationale. Traditionnellement, le pouvoir politique se fonde et se maintient au moyen de la puissance militaire, en accumulant les richesses et en acquérant la connaissance.
L'histoire est remplie d'exemples où le pouvoir politique a été utilisé nuisiblement ou d’une manière insensée (abus de pouvoir). Ceci se produit, le plus souvent, quand trop de pouvoir est concentré dans trop peu de mains, sans assez de place pour le débat politique, la critique publique, ou d'autres formes de pressions correctives. Des exemples de tels régimes sont le despotisme, la tyrannie, la dictature, etc.
Pour parer à de tels problèmes potentiels, certaines personnes ont pensé et mis en pratique différentes solutions, dont la plupart reposent sur le partage du pouvoir (telles que les démocraties), les limitations du pouvoir d’un individu ou d’un groupe, l’augmentation des droits protecteurs individuels, la mise en place d’une législation ou de chartes (telles que celle des droits de l'homme).
Montesquieu affirmait que sans un principe permettant de contenir et d'équilibrer le pouvoir législatif, les pouvoirs exécutifs et judiciaires, il n’y a plus aucune liberté, ni aucune protection contre l'abus de pouvoir. C'est le principe de la séparation des pouvoirs.